Centaurium erythraea : une floraison en plein désert

J’espère que vous allez tous bien en ce début de mois de juillet, que vous vous tenez au frais et à l’ombre, les pieds dans l’eau.

Au-delà des inquiétudes / prises de conscience sur les capacités d’adaptation qui vont être nécessaires pour vivre le dérèglement climatique, l’arrivée brutale et précoce de la canicule commence à griller les paysages.

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Les arbres restent bien verts pour l’instant, mais les herbes sont jaunes ou rousses, les graminées et autres annuelles sont montées à graine, toute une partie du cycle végétal s’est achevée. À l’échelle de la folle avoine, le plein été, c’est la fin de la vie, c’est l’hiver (tatataaaaa). De leur côté, les vivaces aromatiques entrent en latence, en résistance. Dès que les températures montent, elles se mettent en « estivation », en sommeil estival jusqu’au retour de la fraicheur.

Même les oiseaux ne chantent plus que la nuit et jusqu’au petit jour. Ce sont ensuite les cigales qui prennent le relais.

Pour aller au jardin, on privilégie l’aurore ou le crépuscule, on vit entre ombre et lumière, on saute de l’un à l’autre dès que l’on se déplace, et tous deux nous éblouissent tout autant.

Je dois dire que cette saison n’est pas celle où je suis le plus à l’aise. Enfant j’aimais beaucoup les grandes vacances, car elles étaient synonymes de temps libre. Une partie se déroulait en altitude, dans les Pyrénées, au grand air frais de la montagne et dans les forêts. Mais la chaleur écrasante et les nuits lourdes sans sommeil, c’est quelque chose dont je souffre. Les herbes brûlées, la terre sèche me sont douloureuses et me soucient tout bas.

Pour moi, c’est un temps de lutte.

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C’est dans cette ambiance que fleurit pourtant une plante merveilleuse !

J’ai rencontré la petite centaurée il y a quelques années, et depuis, je l’attends au mois de juin-juillet. Délicate, elle ne vient au rendez-vous que si les conditions de germination sont bien réunies. On ne la voit pas arriver, et soudain, elle est là, éblouissante elle aussi, et nous sourit.

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Je m’extasie fréquemment devant la beauté des plantes, mais celle-ci me touche très fort, je la ressent vraiment comme un grand sourire amical, une chaleureuse embrassade.

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Cette petite gentianacée se détache, fraiche et pimpante, lorsque les autres plantes sont cuites. Comme une source, elle jaillit dans les endroits qui sont humides et froids en hiver (mais peuvent être très chauds et secs en été). Comme sa cousine, la grande gentiane jaune, elle a des feuilles opposées décussées. Sa tige est carrée, et elle porte ses petites fleurs en corymbe au sommet. Les fleurs à pétales soudés en tube à la base sont généralement roses, mais on peut trouver des individus à fleurs blanches ou jaunes. Les étamines jaunes d’or et le pistil semblent jaillir eux aussi du centre de la fleur, comme une fontaine.

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En Herboristerie, on va la retrouver à peu près sur les mêmes usages que la gentiane. Elle a été très louée comme fébrifuge (elle fait tomber la fièvre), et fait partie de ces plantes qui sont réputées aussi efficace que le quinquina pour les fièvres intermittentes. Cet usage est resté dans les noms vernaculaires : on l’appelle erba de la fèbre en occitan.

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Elle est tonique, en particulier au niveau de la digestion. C’est une amère, donc cholérétique (favorise la production de bile) et cholagogue (favorise l’évacuation de la bile), mais elle semble également s’adresser à l’estomac, et notamment à ceux qui souffrent de brûlures d’estomac avec fermentation (action sédative), mais aussi lorsqu’il y a des difficultés à digérer avec encrassement de l’organisme – qui se manifeste par constipation ou diarrhée chroniques, hémorroïdes, éruptions cutanées dont eczéma.

Fournier ajoute « Elle se recommande, d’après W. Bohn, dans les maux d’estomac en général, dans la faiblesse stomacale qui accompagne la convalescence consécutive à de graves maladies aigües, et chaque fois que le corps a besoin de se refaire. H. Leclerc (…) la recommande particulièrement aux surmenés du cerveau qui perdent l’appétit et aux opérés d’une appendicite qui continuent à souffrir »

En cosmétique, elle était utilisée par les italiennes à la Renaissance pour éclaircir la chevelure.

En usage textile, elle a servi de plante tinctoriale. Bonnier nous dit « La décoction de la plante teint la laine en jaune-verdâtre, en jaune citron avec addition d’alun, et en brun-verdâtre avec addition de sulfate de fer »

La petite centaurée fait partie des 38 élixirs floraux du Dr Bach.

Sans entrer ni dans l’ésotérique, ni dans l’inexplicable, je préfère parler de ce qui est simple, pratique et de mon expérience. Je ne vais pas vous dire comment ça marche, ni qu’est-ce qui est extrait, car je n’en sais rien. Pour la simple et bonne raison que nous n’avons pas encore d’instruments qui puissent mesurer cela. Ce que je peux dire, c’est comment réaliser les préparations, et à quoi elles servent. Pour ma part, j’ai essayé un mélange, suite à un entretien avec une conseillère agréée (merci Anne-Marie), et la force de l’effet m’a vraiment intriguée. J’ai donc refait l’expérience, puis j’ai suivi une formation. J’ai pu constater l’efficacité des élixirs à maintes reprises, sur des cobayes volontaires mais sceptiques (merci à tous ceux de mon entourage qui se prêtent au jeu), mais aussi sur les plantes de mon jardin. Lorsque je prépare moi-même un élixir, je vois bien que l’eau change de couleur au fur et à mesure de la solarisation. C’est donc bien qu’il se passe quelque chose. À chacun de faire son chemin. Je peux vivre avec une part de mystère 😉

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De manière très résumée : le Dr Bach a mis au point des élixirs floraux qui permettent de rééquilibrer des états émotionnels excessifs, et au-delà, les effets de la somatisation de ces états. Ils permettent simplement de revenir à un point d’équilibre, afin de pouvoir vivre et agir.

Ces élixirs se préparent pour certaines fleurs par solarisation (c’est le cas de la petite centaurée), d’autres par ébullition (c’est le cas du châtaigner).

La solarisation permet de reproduire une ambiance climatique semblable au phénomène de la rosée. On remplit un bol en cristal d’eau de source. Dans l’idéal on prend l’eau d’une source proche : autant vous dire que ce n’est pas le cas chez moi.

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On ne va pas toucher les plantes avec les doigts, ni les immerger dans l’eau. On place le bol sous la plante et on la coupe à l’aide de ciseaux. On la laisse flotter à la surface de l’eau.

 

On va placer le tout au soleil pendant 3 à 4 heures dans l’environnement de cueillette. Comme pour bien d’autres cueillettes, on veille à récolter sur plusieurs individus différents, et toujours au soleil. Le soleil et les fleurs sont très intimement liés : on sait que de nombreuses fleurs suivent la course de l’astre, qu’elles s’ouvrent ou se ferment en fonction d’une certaine luminosité (photons) ou d’une certaine température. Attention, il ne faut pas qu’il y ait d’ombre projetée sur le bol : il faut donc bien observer le paysage alentour et calculer la course du soleil.

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Au bout de 3-4 heures, on filtre, on mesure la quantité, et on y ajoute la même quantité de brandy ou de cognac. J’utilise pour ma part de l’alcool de marc de raisin, distillé localement, et propre (bio ou biodynamique). C’est essentiellement pour la conservation. D’ailleurs, certaines marques, validées par le centre des Fleurs de Bach, utilisent en alternative des micro-doses de cuivre. On a ainsi obtenu la Solution Mère, qui va nous servir a préparer les flacons d’élixirs floraux.

 

Dans les Fleurs de Bach, comme dans l’Homéopathie on dynamise et on dilue les préparations. L’information à retenir à mes yeux, c’est qu’en homéopathie, on dilue en raison de la toxicité de certaines plantes (aconit, belladone, vératre, staphisaigre, anémone pulsatille, jusquiame, datura et autres belles empoisonneuses). En Fleurs de Bach, c’est dans un souci d’économie : un élixir bien fait aura le même effet en Solution Mère qu’en dilution. Ainsi, on peut optimiser une petite cueillette, et avoir une empreinte écologique moindre.

La petite centaurée – Centaury en élixir – s’adresse aux personnes qui ne savent pas dire non. Pour faire plaisir ou rendre service à tout le monde, elles acceptent des choses qui ne leur conviennent pas ou se chargent excessivement, et s’épuisent. Elles vivent dans l’ombre des autres et s’étiolent, courant le risque de vivre un esclavage volontaire.

Voici ce que j’en comprend de mon côté. Dans la façon dont j’ai appris, l’entretien est aussi important que l’élixir lui-même. Il permet de faire le point. C’est un exercice d’écoute et de mise en lumière de ce que l’on ressent et de ce dont on a besoin pour surmonter ce qui nous dérange, nous empêche d’avancer.

Ce que je vois dans Centaury, c’est une plante qui resplendit, qui exprime sa vitalité et sa lumière unique dans un contexte où d’autres plantes ont des difficultés. Elle le fait simplement et humblement, mais vigoureusement aussi. Quand on l’observe, elle nous rappelle que vivre pleinement notre vie, accomplir le meilleur de ce que nous pouvons faire, nous, spécifiquement, autorise les autres a en faire de même (big up à Clémentine Blondon), et constitue le meilleur moyen de ne pas leur faire d’ombre. Lorsqu’on se tient en plein zénith, on ne peut faire d’ombre à personne. On peut donc s’accomplir dans la joie, sans crainte ni remord. Un peu comme ça 😉

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Je ne sais pas vous, mais personnellement, c’est quelque chose que j’ai régulièrement besoin d’entendre. À bientôt ! Je pars manger une glace 🙂

Sources

https://www.tela-botanica.org/bdtfx-nn-15570-synthese

http://www.wikiphyto.org/wiki/Petite_Centaurée

Dictionnaire des plantes médicinales et vénéneuses de France, Paul-Victor Fournier, Omnibus, 1947. 2010.

La phytothérapie, Jean Valnet, Vigot 2001.

Traité de Phytothérapie Aromathérapie Gemmothérapie, Dr Jean-Michel Morel, Grancher, 2017.

Œuvres complètes, Dr Edward Bach, Macro Éditions, Nouvelles Pistes thérapeutiques, 2013.

Manuel complet des quintessences florales du Dr Edward Bach, Mechthild Scheffer, Le courrier du livre, Die original Bach-Blüten Therapie 1999. 2014.

2 commentaires Ajoutez le vôtre

  1. lejardinki dit :

    merci pour ce magnifique article, complet, inspiré, j’aime beaucoup!!

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